En Bretagne, la deuxième vie des coquilles d'huîtres
Massivement consommés à l’occasion des fêtes defin d’année, les coquillages pèsent lourd dans la poubelle des Français. Alors, depuis Noël, plusieurs collectivités emboîtent le pas de la communauté de communes de Muzillac (56).
En Bretagne, la deuxième vie des coquilles d’huîtres
En Bretagne, la deuxième vie des coquilles d’huîtres et de Saint-Jacques se développe. Matière première bas carbone par excellence, ces coquilles trouvent des débouchés variés et leur collecte s’organise, même auprès des particuliers.
"Jean Le Borgne"
Massivement consommés lors des fêtes de fin d'année, les coquillages finissent souvent dans la poubelle des Français. Depuis Noël, plusieurs collectivités comme celles de Vannes, Quimperlé et du Pays d'Iroise (29), ainsi que de Lannion et Guingamp Paimpol (22), ont décidé de collecter les coquilles vides pour éviter des coûts d’incinération inutiles et valoriser cette ressource. À Cléguer (56), près de Lorient, elles sont transformées en matière première dans l’usine de Kervellerin sous la marque Ostrecal. Depuis près de vingt ans, cette entreprise broie les coquilles pour en faire une poudre fine ou des brisures de différents calibres utilisées dans des applications variées.
Béton drainant
Le centre d’interprétation de l’huître, Ostréapolis, qui ouvrira en mars 2023 au Tour-du-Parc (56), propose un sol en béton enrichi en coquilles d’huîtres pour le drainage. Cette nouvelle valorisation s'ajoute aux usages traditionnels en fertilisation des sols et filtration de l’eau. Cette PME de huit salariés, spécialisée dans les produits calcaires, diversifie ainsi ses applications avec un chiffre d’affaires avoisinant les cinq millions d'euros.
Peinture bas carbone
En cosmétique, alimentation animale ou comme charge dans les plastiques, les coquilles trouvent leur place. « Contrairement aux calcaires extraits des carrières, les coquilles sont une matière renouvelable qui capte du carbone », souligne Martine Le Lu, docteur en pharmacie. Près de Rennes, la start-up Algo paint utilise cette ressource pour ses peintures à faible impact carbone, conformes aux nouvelles réglementations environnementales. « Nous avons choisi de nous éloigner de la pétrochimie au profit de la chimie végétale », explique Lionel Bouillon, son dirigeant.
Deux à trois mille tonnes
Enrichies en coquilles, les peintures et les toitures en Cool Roof sont particulièrement résistantes, assurant un avenir prometteur pour cette filière. Environ deux à trois mille tonnes de coquilles sont collectées chaque année en Bretagne pour l’usine de Kervellerin, et la collecte auprès des particuliers pourrait ajouter quelques tonnes supplémentaires cet hiver.
Des lunettes en coquilles de coquillage
En 2022, la production de montures de lunettes optiques Friendly Frenchy, utilisant des coquilles de coquillages, a connu une croissance de 120 %. Après la création de cette entreprise bretonne, sept ans auparavant, et la sortie de leurs premières lunettes solaires, l’année 2023 marque une consolidation avec une croissance de 10 %. Les coquilles d’huître, de Saint-Jacques et de moules représentent jusqu’à 30 % des matériaux biosourcés utilisés. Sandrine Guyot, cofondatrice de Friendly Frenchy, indique que leur modèle économique est viable. L’entreprise, soutenue par la BPI et l’Ademe, a convaincu 300 opticiens en France et produit près de 5 000 paires de lunettes par an.
Friendly Frenchy continue d'innover en recherchant davantage d'autonomie dans l'approvisionnement et l'utilisation des coquilles pour sa production. Avec un projet d’investissement de 200 000 euros pour équiper son atelier à Erdeven (56), l’entreprise cherche des fonds pour agrandir ses installations et son équipe.